L’herbier du Chanoine Coste (1858 – 1924) au 21ème siècle

 

Résumé de la conférence diaporama de Peter A Schäfer

 

« les journées Coste »

 

Saint Paul des Fonts – 5 août 2006

 

 

 

 

Né le 20 décembre 1858 dans la commune de Balaguier sur Rance, Canton de Saint-Sernin, Aveyron, Hippolyte Coste intègre le Grand Séminaire de Rodez en 1878. Tout en poursuivant sa formation de prêtre, il s’intéresse à la botanique et profite de temps libres pour herboriser dans l’Aveyron et commencer à constituer son propre herbier (à partir de 1879, mais enrichi jusqu’à sa disparition en 1924).

 

1-4 Vues actuelles de l’Herbier de Coste, déposé par la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron et conservé en qualité d’herbier historique remarquable (échantillons types des publications de Coste, liens avec sa flore de France), dans les locaux du service  des herbiers de l’Université Montpellier2.

 

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Plus botaniste de terrain que chercheur dans les herbiers, musées ou facultés, malgré les encouragements de sa hiérarchie, il ne regretta pas d’avoir été nommé en 1894 à Saint Paul des Fonts (paroisse qu’il ne quittera pas jusqu’à sa mort en 1924), dans une contrée, au pied du Larzac, à la flore si riche, et dotée d’un chemin de fer à proximité. Il y a rempli ses tâches de Curé tout en devenant par ailleurs un botaniste de stature nationale et internationale.

 

Ses herborisations aveyronnaises ont été complétées lors de sorties dans d’autres régions ou à l’occasion de sa participation à des sessions extraordinaires de la Société botanique de France dont il était membre depuis 1885 (Millau 1886, Narbonne 1888, Collioure 1891, Montpellier 1893, Barcelonnette 1897, Corse 1900).

 

Son herbier s’enrichissait également par des dons et des échanges. Conformément  à l’esprit de son époque Coste participa à des groupes d’échanges d’échantillons d’herbier avec de nombreux botanistes et correspondants, français et étrangers qui lui adressaient des plantes, voire des planches préparées et même des planches antérieures à …sa naissance. Il a par ailleurs intégré l’herbier de son ami et compagnon d’herborisation, l’abbé Soulié.

Nous trouvons aussi dans son herbier, de très nombreux échantillons reçus des différentes parties de l’empire austro-hongrois, des Balkans et du reste de l’Europe.

 

5- Du Sahara algérien un Lycium reçu sous le nom L. afrum L. corrigé en L. arabicum Boiss. par Coste

6- D'Erythrée un Cassia nigricans Vahl

 

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En contrepartie, les récoltes aveyronnaises de Coste se trouvent aussi dans de nombreux autres herbiers (Muséum d’Histoire naturelle de Paris, Manchester Muséum, Rijksherbarium de Leiden, Herbier du Jardin botanique national de Belgique, Conservatoire et jardins botaniques de la ville de Genève, Naturhistorisches Museum Wien, Musée de la Société d’Histoire naturelle d’Autun) ou ont alimenté de nombreuses études monographiques et Sociétés savantes.

 

7- Exemple de plante récoltée par Coste à Saint Paul des Fonts en 1902 : la douce amère Solanum dulcamara L.

8- Echantillon-type d’une plante d’Espagne décrite par un de ses correspondants et compagnon d’herborisation (le Frère Sennen) : Lycium spina-christii- Sennen§Elias

 

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Sa « carrière » botanique prit une dimension nouvelle lorsque l’éditeur Klincksieck lui demanda de rédiger une flore de France illustrée.

Après plusieurs années d’un travail acharné la publication de la «  Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes » (appelée : Flore de Coste et même « la Coste ») s’échelonna du 25 juin 1900 au 29 décembre1906, d’abord sous la forme de fascicules. Son auteur, qui participa en 1906 au Congrès international de  botanique à Vienne en Autriche sur invitation de son éditeur, était alors connu et reconnu dans la communauté scientifique internationale. L’ouvrage est  réédité régulièrement. Il reste inégalé depuis.

 

 

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L’Herbier Coste comporte environ 50 000 exsiccata dont environ 10 000 plantes ont été récoltées en Aveyron. L’herbier est composé de plantes vasculaires, fougères, mousses, lichens et comporte un peu de champignons et d’algues. 

 

L’herbier contient des échantillons des espèces présentées, décrites et illustrées de la «  Flore de France ».

 

9-Exception : toutes les espèces de la flore ne sont pas représentées par un échantillon

 

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Hippolyte Coste ne voulait rien décrire sans avoir observé lui-même, son herbier personnel ne contenait pas toutes les plantes au moment de la rédaction de la « Flore ». Il devait donc demander du matériel en prêt, étudier dans les herbiers institutionnels. Par la suite il a pu, pour beaucoup d’espèces, compléter son herbier par ses propres récoltes et par des dons et échanges. L’herbier est ainsi le complément précieux de la « Flore » dans la mesure ou la description d’une espèce, en quelques lignes dans la « Flore » est nécessairement incomplète. L’observation physique des échantillons, dans l’herbier, permet seule de confirmer à tout moment l’identification de la plante désignée dans l’ouvrage. Par ailleurs l’herbier contient les « échantillons types » de Coste. Si dans la Flore, il n’a décrit que deux espèces nouvelles, on compte dans l’ensemble de ses publications plusieurs douzaines de taxons nouveaux pour la science. Son herbier renferme également des « types » envoyés par ses correspondants comme ceux de taxons décrits par d’autres botanistes grâce aux récoltes de Coste.

 

Pour les spécialistes, l’herbier permet de contrôler que les plantes déterminées à l’aide de cette « Flore » appartiennent bien à la même espèce que l’échantillon type du nom, utilisé dans la « Flore » mais créé par un autre auteur. Car Coste était bien trop modeste et on s’est rendu compte bien des fois, qu’il attribuait à un auteur plus ancien une plante qui en réalité n’était pas encore  décrite : ce que nous appelons la « Gentiane de Coste »,  endémique des Causses, n’était pour lui que la simple Gentiana clusii, espèce à large répartition montagnarde.

 

L’herbier contient des échantillons qui ne sont pas présentés, décrits, illustrés dans la « Flore de France »

En dehors des espèces exotiques récoltées dans les pays étrangers déjà mentionnés, l’herbier comporte aussi des plantes, récoltées en France mais non mentionnées dans la Flore : surtout introduites et cultivées mais parfois taxons discutables ou seulement identifiés après la rédaction de la  « Flore ».  Après cet achèvement, l’auteur a continué à suivre les progrès de la floristique.

Enfin la « Flore » ne traite que les plantes vasculaires (plantes à graines et fougères) mais l’herbier comporte également des mousses et lichens puis quelques algues et champignons (17 paquets au total).

 

10- Solanum humile Bernh., seulement mentionné en tant que variété sous Solanum nigrum L.

 

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Depuis la disparition d’Hippolyte Coste en 1924, son herbier, transféré à Rodez puis déposé en 1970 au service des Herbiers (Université Montpellier 2)  n’est pas devenu un patrimoine historique poussiéreux. Il a conservé tout son intérêt scientifique. Il continu de faire l’objet de recherches par des botanistes français et étrangers.

 

11- Festuca pyrenaica Rent. étudié par A. St. Yves en 1908

12- Erica terminalis Salisb. (était E. stricta Don) étudié par Malagarrigua en 1982

 

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Les manipulations révèlent un certain nombre de problèmes : le papier support des échantillons ainsi que les chemises d’époque, se désagrègent, des épingles métalliques parfois utilisées pour fixer plantes et étiquettes se sont couverts de sels hygroscopiques qui colorent et rongent les papiers, enfin malgré des traitements, des insectes ravageurs ont pu attaquer des spécimens à certaines époques dans le passé.

Si la prévention des infestations d’insectes est une tâche permanente du service des herbiers, le retrait des épingles et la protection ou l’échange des papiers sont plus compliqués et demandent plus de main d’œuvre : les chemises portant des inscriptions de la main même de Coste doivent être absolument conservées, de même tout autre papier (planche, étiquette, petit fragment de papier) comportant des annotations d’un botaniste. Les étiquettes, etc. doivent être collées (collage réversible) et les plantes retenues sur la planche

 

 

Mais l’équipe en charge de la conservation de l’Herbier de Coste, voudrait aller plus loin pour en rendre plus aisée la consultation, à tout moment et à distance par un plus grand nombre de chercheur.

La numérisation des planches de cet herbier de Coste pourrait répondre à ce souci.

 

Mais ceci est une autre histoire.