Les Botanistes Aveyronnais

 

Résumé de la conférence donnée par Jacques Cros-Saussol, dans le cadre des « journées Coste » qui se sont déroulées à Saint Paul des Fonts, les 4 et 5 août 2007.

Le Rouergue,  éloigné des grands centres scientifiques, a généré, au travers de son histoire, de nombreux observateurs de la nature. Certains sont restés des amateurs éclairés dont il ne reste malheureusement que trop peu de traces. D’autres, au contraire, ont pu accéder à la qualité de savant, tant le matériel et les publications, qu’ils ont laissé à la postérité, sont riches, abondants et utiles au progrès de la science.

C’est sans doute la richesse et la diversité du patrimoine naturel de cette région qui a tout naturellement produit nombre de botanistes, entomologistes, zoologues, géologues etc. … Au milieu de ce foisonnement  Jacques Cros-Saussol a choisi de parler principalement des botanistes d’origine aveyronnaise, sans oublier pour autant les autres botanistes, originaires d’autres régions, qui n’ont pas manqué de se pencher sur cette remarquable flore aveyronnaise (Loret, Braun, Blanquet, Barrandon, Paul Marres, Charles Flahault, Jean Mouret, Jean Prioton, G Dupias…).

Bien entendu, ces botanistes, observateurs rigoureux et infatigables, amateurs de curiosités, découvreurs passionnés de nouveautés ont travaillé ensemble. Ils ont parcouru les mêmes  territoires,  ils ont partagé  et souvent échangé  leurs trouvailles, ils ont conservé et décrit les plantes qu’ils rencontraient, ils ont transmis leur savoir notamment par leurs très nombreuses publications, les legs d’herbiers et de collections que chaque récipiendaire avait à cœur de développer à son tour.

Jacques Cros-Saussol n’a pas manqué d’évoquer des coopérations exceptionnelles comme par exemple Coste, Soulié, Granier, mais avant il y avait eu les frères Barrau, et plus récemment Gabriel Fabre et Christian Bernard ou encore les Botanistes de l’AMBA (Association de Mycologie et de Botanique de l’Aveyron), avec Jean Louis Menos leur Président, qui continuent la tâche de leurs prédécesseurs et se préoccupent de préserver ce riche patrimoine floristique pour les générations futurs.

Une « histoire très riche qui a façonné le Rouergue » Jacques Cros-Saussol.

Liste des Botanistes évoqués :

Jean Bernier 1570-1648  Originaire de Saint Geniez d’Olt, médecin, a herborisé partout où il s’est trouvé : Padoue, Venise, Montpellier, Toulouse, dans le Rouergue…surtout autour d’Espalion.

Abbé Pierre Joseph Bonnaterre 1752-1804  Originaire de Saint Geniez. Prêtre et naturaliste, qui enseigna l’histoire naturelle à Rodez et participa l'Encyclopédie. Il est le premier scientifique à étudier Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron.

Berthoud, mort en 1827, Directeur des Postes à Millau.

Docteur Richard 1755-1840, ancien maire de Rodez.

Vidal de Saint Urbain 1770-1850, Saint Laurent d’Olt.

Adolphe de Barrau, 1803-1884, originaire de Carcenac-Salmiech, médecin de la Marine Royale et naturaliste, il participe à la conquête d’Alger 1830 et met à profit son séjour dans la région pour étudier les plantes le long des côtes de l'Afrique du Nord. À son retour en France, toujours aussi passionné par l'étude des plantes, il parcourt - avec son frère Hippolyte de Barrau - le département de l'Aveyron et ils constituent ensemble un herbier de plus de 2 000 plantes. Il est l’un des fondateurs de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, membre de la Société d'histoire naturelle de Montpellier, membre de la Société botanique de France (dès 1854).

Hippolyte de Barrau, 1794-1863, Rodez, militaire, historien, généalogiste, naturaliste, publiciste, homme politique, haut fonctionnaire. Outre ses activités d'historien du Rouergue et de naturaliste, il est en 1836 l'initiateur de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron et l'un de ses principaux fondateurs. Il en est le premier président et le restera jusqu’à sa mort.

Dr Antoine Bras, 1802-1883, médecin à Villefranche de Rouergue, publie en 1877 un Catalogue des plantes vasculaires du département de l’Aveyron. De son temps sont cités également le Dr Benjamin Martin, Julien de la Salle, de Saint Jean du Bruel, Frère Marc, instituteur à Nant, qui explorent la vallée de la Dourbie, de l’Aigoual, et le Sud-est de l’Aveyron.

Abbé Joseph Revel, 1811-1885, curé de Mondalazac, se consacre 40 ans à la botanique. Il est l’auteur du premier tome d'un Essai sur la Flore du Sud Ouest de la France, qu’il ne pourra achever et qu’ H.Coste, après avoir regroupé les matériaux hérités et poursuivi les collectes de son prédécesseur, publiera le deuxième tome qui paraîtra en 1900.

Jules Bonhomme 1811-1879, Millau, agronome.

Jean-Henri Fabre, 1823-1915 Saint-Léons du Lévézou, humaniste, naturaliste, entomologiste éminent, et poète. Son ouvrage majeur est constitué de ses « Souvenirs entomologiques ».Brillant élève, homme aux multiples facettes il sera tour à tour instituteur, professeur de sciences dans le secondaire, chercheur créatifs maintes fois récompensés, faisant également autorité en  botanique, écrivain et félibre de son pays d’adoption.

Emile Mazuc 1831-1855, Rodez

Hippolyte Puech, 1834-1914, Saint Jean d’Alcas-Gauthy, Instituteur pendant 32 ans à Tournemire, admirateur d’Hippolyte Coste, curé du village voisin, qu’il sollicite comme parrain avec Ernest Malinvaud pour être admis à la Société Botanique de France. L’amitié entre les deux hommes est réelle et Coste lui dédie un chardon hybride qu’il a trouvé : Carduus Puechii. Il herborise surtout sur le Larzac et la devèze de Lapanouse. C’est sur ce territoire qu’il fait la découverte d’une station de Saponaria  bellidifolia., qui va le rendre célèbre.

Le Frère Saltel, 1837- Directeur d’école à Estaing, il herborise dans la vallée du Lot et aux environs de Salles Curan.

Ludovic Giraudias 1848-1922, Receveur de l'enregistrement à Asprières, herborise dans la région.

Paul Fourès 1850-1920, botaniste qui a exploré les environs de Millau et de Saint-Affrique.

Abbé Hippolyte Coste 1858-1924 qui avec son herbier exceptionnel d’environ 50 à 60 000 exsiccata, ses découvertes, ses publications et son œuvre magistrale « Flore  descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes » a posé notamment  les fondements de la connaissance botanique  des Causses.

 

Etienne Marcellin  Granier 1861-1937, Moussac-Coupiac, Frère des Ecoles Chrétiennes sous le nom de Frère Sennén. Il enseignera cette discipline et deviendra membre de la Société Botanique de France. Après 1904, il s’exile en Catalogne. Botaniste de terrain jusqu’à la limite de ses forces, il laisse de très nombreuses publications contribuant largement au développement de la connaissance de la flore de ce pays d’adoption (Plantes d’Espagne, Flore de Catalogne…).

 

Abbé Joseph Soulié 1868-1930, Les Vialettes, Salles-Curan, passionné de botanique et doué d’une grande robustesse mais aussi d’une grande timidité il donnera toute sa mesure sur le terrain dans la découverte de plantes nouvelles en compagnie d’ H Coste, avec qui il publiera. Le célèbre duo Coste-Soulié marquera toutes les recherches botaniques de la région des Causses et du sud de la France, du Mont Aigoual, des Cévennes, du Massif Central, des Pyrénées jusqu’à l’Espagne.

 

Jean Carbonel, instituteur dans le Carladès à cette époque.

 

Jules Ivolas professeur au collège de Millau dont l’herbier est conservé à l’Institut de Botanique de l’Université de .Montpellier.

 

L’abbé Jean Pierre Delmas, botaniste et apiculteur qui explora le Sud-ouest du département et découvrit le Cistus monspeliensis.

 

 

« Ainsi s’est achevé cette promenade, où, dans le sillage des plantes et des fleurs aussi odorantes que colorées et variées, les pas du souvenir ont fait croiser ceux des botanistes, sortis pour quelques moments, de cette obscurité où l’Histoire les tenait dans l’ombre. »  JCS