Ces champignons qui nous empoisonnent…

Conférence du Dr Elizabeth Chosson

Maître de conférences à l’UFR de Médecine et de Pharmacie de Rouen

"les journées Coste"

Saint-Paul des Fonts - Aveyron - 5 août 2006

 

Les champignons font partie aujourd’hui d’un règne à part au même titre que les animaux et les végétaux.

Ils se caractérisent notamment par leur hétérotrophie (qualifie les êtres vivants dont la nutrition dépend de substances organiques qu'ils ne peuvent synthétiser), comme les animaux, ou par la présence d’une paroi entourant leur cellule, comme les végétaux.

 

Morphologiquement les champignons se présentent sous deux aspects :

 

1 - Levure     

2 - Filament

Parfois, chez certaines espèces, lorsque les conditions sont favorables, les filaments s’associent pour donner une structure tridimensionnelle le plus souvent épigée visible à l’œil nu : il s’agit des sporophores des champignons supérieurs que nous connaissons bien…

Sporophore du cèpe de Bordeaux

Les champignons sont fort utiles sur le plan écologique par exemple ; ce sont des agents de dégradation incontournables permettant notamment la bonne santé des écosystèmes forestiers. Les champignons sont également à l’origine des plus grands antibiotiques comme les pénicillines.

Néanmoins, certaines espèces sont fort peu sympathiques et l’on peut distinguer 4 grandes catégories de nuisance que peuvent provoquer les champignons :

1-Mycétisme : intoxication par les champignons vénéneux

2-Mycotoxicose : intoxication par les champignons toxinogènes

3-Mycose : infection provoquée par les champignons pathogènes

4-Allergie : provoquée par des champignons allergènes (spores le plus souvent).

 

- Seul le mycétisme nous concerne aujourd’hui-

 

Quelques chiffres concernant les champignons

 

 

Comment se manifestent les empoisonnements ?

Classiquement les intoxications par les champignons sont classées en 2 grands groupes en fonction du délai d’apparition des premiers symptômes ; en effet, les intoxications à délai d’apparition court sont souvent bénignes ; au contraire lorsque les symptômes apparaissent plus tardivement (> 6h après ingestion, en moyenne), il s’agit souvent d’intoxications plus graves voire mortelles.

Voici quelques exemples illustrés des intoxications les plus couramment rencontrées, la liste étant loin d’être exhaustive.

 

 

 

 

 

 

 

Les plus fréquents ; provoqués par de nombreuses espèces dont le lactaire à toison, le bolet Satan, le tricholome tigré…Plus ou moins graves en fonction des espèces incriminées et de la sensibilité individuelle de la personne intoxiquée.

Le clitocybe de l’olivier provoque un syndrome digestif sévère ; il peut être confondu avec l’excellente girolle

 

Clitocybe de l’olivier   Girolle

Lignicole (sur souche)

Terricole

 

 

Terricole

Plis

 

Troubles vasomoteurs

 

Ils correspondent à une atteinte du système nerveux périphérique et s’observent en particulier lors d’une intoxication par les petits clitocybes blancs, quelquefois confondus avec le meunier ou le marasme des Oréades

 

Clitocybe blanchi   Meunier

Marasme des Oréades

Spores blanches

Lames serrées

Lames subdécurrentes

Odeur subfarineuse

 

Spores rosées

Lames serrées

Lames décurrentes

Odeur farineuse

 

Spores blanches

Lames écartées

Lames échancrées

Odeur cyanique

 

« Ébriété » ou hallucinations

 

Ce sont les manifestations des intoxications touchant le système nerveux central comme par exemple le syndrome pantherinien provoqué par l’ingestion d’amanite panthère, quelquefois confondue avec l’amanite rougissante, comestible bien cuite.

 

 

Amanite panthère

 

Amanite rougissante, Golmotte

chapeau marron

flocons du chapeau blanc pur disposés en cercle concentrique

volve peu développée surmontée de bracelets hélicoïdaux

 

 

chapeau marron lavé de rouge

flocons du chapeau grisâtres

volve bulbeuse

 

Le paxille enroulé appartient à ces espèces qui ont changé de statut ; en effet, décrit pendant longtemps comme comestible, il est à présent classé parmi les champignons mortels suite à l’observation de cas d’intoxication fatale aux consommateurs de cette espèce.

Syndromes d’apparition lente (> 6 heures)

 Atteinte hépatique sévère

C’est ici que se place l’intoxication provoquée par les 3 espèces mortelles d’amanite : l’amanite phalloïde, la plus célèbre, l’amanite printanière et l’amanite vireuse. Le syndrome phalloïdien peut également être provoqué par les petites lépiotes du groupe de la lépiote helvéolée et par la galère marginée.

Les 3 amanites mortelles

 

 

 

La galère marginée

 La lépiote helvéolée

 

 Atteinte rénale sévère

 

Le traître cortinaire couleur de rocou a pendant longtemps était ignoré des mycotoxicologues ; en effet, l’intoxication mortelle qu’il provoque ne peut se révéler que jusqu’à 21 jours après l’ingestion du champignon.

 

 

 

       

Atteinte musculaire sévère

 

L’excellent tricholome équestre est aujourd’hui à retirer des poêlées. Une consommation excessive et répétée de ce champignon a engendré des troubles musculaires graves entraînant la mort de plusieurs consommateurs dans la région bordelaise.