Autour de la flore de COSTE

                           Résumé de la conférence de  Christian BERNARD

                                                  « les journées Coste »

                                      Saint Paul des Fonts le 6 août 2005

 

Cette conférence diaporama montre, documents significatifs à l’appui, comment Hippolyte COSTE, modeste curé de campagne, « fils de paysan », perdu dans un petit village au pied du Larzac, fin du 19e et début du 20e siècle, s’est trouvé élevé au rang des plus grands hommes de Science de notre pays, dans le domaine de la botanique en réalisant, notamment, un ouvrage magistral, familier à tous les botanistes : la remarquable « Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes », plus connue  sous le nom de « Flore de COSTE ».

Cet ouvrage en trois tomes fut commencé en 1900 et achevé en 1906.

Le parcours du jeune Hippolyte est rappelé dans ses grandes lignes : depuis sa naissance le 12 décembre 1858 au Mas d’Estiousses près de Balaguier sur-Rance (Aveyron), son passage à l’école communale de Balaguier, avec pour maître M. SANDRAL, au petit séminaire de Belmont, au grand séminaire de Rodez, puis les nominations successives à Villefranche-de-Rouergue, Montclar, Ste-Eulalie-de-Cernon et enfin, en 1894, à St-Paul-des-Fonts, au pied du Larzac.

C’est dans cette localité, desservie par la ligne de chemin de fer Béziers-Neussargues qu’Hippolyte COSTE exercera pleinement, jusqu’à sa mort, le 29 novembre 1924, sa double activité de prêtre et de savant-botaniste et deviendra « le curé des fleurs ».

Sont tour à tour évoqués :

- le personnage : bossu et un peu disgracieux, suite à une affection osseuse survenue en 1872, mais un personnage hors du commun, homme spirituel et convivial, prêtre bon, tolérant et généreux, un grand savant, animé par une passion irrésistible pour la botanique et doué d’une étonnante mémoire ;

- les innombrables et méthodiques herborisations dans l’Aveyron : dans le rougier de Camarès et toutes les montagnes du sud-Aveyron…, sur le Causse Comtal, l’Aubrac, les Grands Causses et surtout le Larzac…, de même que dans des régions plus lointaines : le Midi, les Pyrénées…et notamment lors des sessions de la Société Botanique de France… toutes émaillées de découvertes ;

- les contacts qui s’établissent avec d’autres botanistes locaux ou étrangers ;

- les premières publications ;

- les relations avec Charles FLAHAULT, Ernest MALINVAUD Gaston BONNIER…

            Hippolyte Coste, vers 1910

 

Sont présentées :

- la naissance d’une étroite et longue amitié et collaboration, à partir de 1894, avec l’abbé Joseph SOULIE, né sur le Lévezou, homme d’une timidité maladive, grand botaniste de terrain et remarquable découvreur de plantes rares qui seront publiées dans des notes signées par le célèbre tandem COSTE et SOULIE ;

- la constitution d’un herbier, grossi des récoltes de SOULIE…, qui deviendra « l’herbier Coste », et l’accumulation considérable de données floristiques.

 

 

                                                                                                                                                                                                                                             Coste et Soulié, au sommet du Mourgis : un tandem célèbre

Est abordée la naissance et la réalisation de la Flore de COSTE, grâce à Paul KLINCKSIECK, éditeur parisien spécialisé dans la publication d’ouvrages scientifiques, conquis par le modèle de Flore nord-américaine de BRITTON et BROWN (1898), sur les conseils et l’impulsion d’Ernest MALINVAUD et de Charles FLAHAULT qui oeuvreront pour que le botaniste rouergat se lance -un peu malgré lui au début- dans cette aventure qui devait durer sept ans.

                                Exemple de présentation d’une espèce dans la flore nord-américaine de Britton et Brown : Equisetum arvense

L’ouvrage en trois tomes, totalisant plus de 1900 pages,  est ensuite présenté avec sa magistrale introduction  de 52 pages réalisée par FLAHAULT,  ses 36 pages de vocabulaire botanique illustrées de 453 figures, ses clés des familles, des genres, puis des espèces.

La description, au texte clair et précis, de chacune des 3454 espèces est illustrée par une figure que réalisèrent quatre dessinateurs talentueux (Mme HERINCQ, Melle KASTNER, M.M. DENISE et JOBIN) grâce à du matériel préparé et envoyé par COSTE.

       

                    Exemple de présentation d’une espèce dans la Flore de Coste : Adonis vernalis  et Thymus dolomiticus

Pour chaque espèce sont indiqués l’habitat, la répartition géographique et l’époque de floraison.

Ainsi fut menée à son terme la plus appréciée des Flores de France du 20e siècle. 

Témoignage de l’énorme travail accompli et de sa grande modestie, COSTE écrira en 1906:

 « La rédaction de la Flore descriptive et illustrée de la France m’a, pendant sept années, imposé un travail opiniâtre et consciencieux. Isolé au fond de la province, éloigné des riches bibliothèques et des grandes collections, je devais nécessairement rencontrer des difficultés presque insurmontables pour conduire à bonne fin une œuvre de cette importance. Aussi, arrivé au but final et sur le point d’écrire ces lignes, je suis profondément saisi par la pensée de mon insuffisance et des graves imperfections de cette œuvre ». 

Les honneurs qui récompensèrent l’auteur de cet ouvrage remarquable, qui connut un succès immédiat, sont ensuite rappelés : notamment le Prix COINCY… et plus tardivement la Légion d’honneur (1923) et le Prix  Jérôme PONTI (1924).

 L’activité d’Hippolyte COSTE après la publication de sa Flore est abordée : 

- participation au projet de Flores régionales, projet qui malheureusement ne verra pas le jour ;

- participation au Catalogue des plantes de l’Ardêche de J. REVOL, en 1910 ;

- publication en 1921, avec J. SOULIE,  d’un certain nombre de trouvailles de plantes remarquables comme le Sabot de Vénus, de l’Odontite des Cévennes, du Buphtalme à grandes fleurs dans les Causses…

- rédaction d’un riche aperçu de la Flore aveyronnaise qui sera publié in extenso, en 1927, par Emile VIGARIE, dans Esquisse du département de l’Aveyron ;

 

Le Chanoine COSTE s’éteint le 29 novembre 1924 avant d’avoir pu réaliser son rêve de jeunesse : doter son Aveyron natal d’une Flore départementale.

Sa bibliothèque, son courrier et son herbier sont légués à la Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron.

Depuis 1970, l’herbier (considérable : près de 60000 exsiccata répartis dans 550 paquets) est en dépôt à l’Institut de Botanique de Montpellier.

 

Sont enfin évoqués la portée et les prolongements de l’œuvre de COSTE :

      -     les oeuvres publiées à titre posthume : Florule de St-Paul-des-Fonts, Catalogue des plantes des Pyrenées…

-     La Flore de Coste retenue  parmi les 5 ouvrages de base du Flora Europaea (1964-1980) ;

-     Les sept suppléments à la Flore, publiés par JOVET, VILMORIN et KERGUELEN (1972-1990) ; 

-     La commémoration du  50e anniversaire de la disparition de COSTE, lors des 104e sessions extraordinaires de la Société Botanique de France, en 1974 ;

-     Les notes de COSTE  reprises et constituant l’essentiel du Catalogue des plantes de l’Aveyron de l’abbé TERRE, paru en 1979 ;

-    Les figures de la Flore COSTE, déjà utilisées dans de nombreux ouvrages…, utilisées pour illustrer la Flore des Causses, par C. BERNARD, parue en 1996…

Enfin, quelques-uns des nombreux taxons dédiés à COSTE sont présentés : l’Euphorbe de Coste, l’Ophrys de Coste, la Pulsatille de Coste…

 

Conclusion

Comme ces plantes qui se perpétuent, le souvenir et l’œuvre d’Hippolyte COSTE sont là, toujours bien vivants.

Comme l’écrivait le Professeur Louis ROUCOULES : 

« Certains êtres ne meurent pas. Leur souvenir demeure dans l’esprit et le cœur des hommes. Hippolyte COSTE est bien l’un de ces êtres exceptionnels ».